Informations pédagogiques

À quelques rares exceptions près, dans les chefs-d’œuvre classiques écrits par des hommes, les personnages féminins sont moins nombreux. Le regard masculin y prime, donc : les enjeux, les conflits, les points de vue, les actions-réactions sont construits majoritairement dans une optique unilatérale. Aujourd'hui, malgré l’augmentation du nombre de metteuses en scène et d’autrices de théâtre, les personnages féminins restent minoritaires dans la plupart des productions.

Pourtant, une grande majorité de comédiens qui sortent d’écoles de théâtre sont des comédiennes. Il y a donc double déséquilibre : le nombre de rôles féminins inférieur, et le nombre supérieur d'artistes femmes.

En explorant le point de vue des personnages féminins, en apprenant aux comédiennes à s’exprimer sur leur interprétation de ces rôles, et en déjouant les biais du regard masculin ancré dans l’imaginaire collectif, ce stage a un double objectif :​

• offrir de nouveaux points de vue sur les héroïnes universelles issues du patrimoine (Médée, Helena, Ophélie, Phèdre, Marceline, Prouhèze, Marie Tudor), 

• faire découvrir l'étendue du matrimoine français (Catherine Bernard, Marie-Anne Barbier, Françoise Pascal, Louise Labé) 

Car un matrimoine d'autrices classiques existe bel et bien. Elles ont été reconnues et célébrées de leur vivant, leurs pièces ont rencontré de francs succès et ont été jouées dans les plus grands théâtres, jusqu'à la Comédie-Française. Mais, victimes d'un processus de domination patriarcale et d’invisibilisation, elles ont été peu à peu effacées de l’histoire et du patrimoine théâtral, en particulier par les auteurs d’anthologies au XIXème siècle. La spécificité du regard de ces autrices et la qualité de leur travail artistique nous incite aujourd'hui à nous emparer de ces textes.

Nous mettrons donc en parallèle les personnages issus du patrimoine avec ceux de grandes autrices invisibilisées du XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles.

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Objectifs

Durant son parcours universitaire à Sciences-Po puis en tant qu’interprète, metteuse en scène et collaboratrice artistique, Camille Delpech a été amenée a élaborer une vision dramaturgique du regard féminin, et une méthode pour aborder plus justement la réalité des expériences féminines dans leur complexité. Ainsi les points suivantes seront développés :

• Appréhender un rôle du répertoire classique en tant que femme, lorsqu’on cherche à éviter la reproduction de clichés ou de biais sexistes

• Diriger des femmes au plateau et élargir la manière de raconter les histoires en mettant en valeur le point de vue féminin

• Montrer les relations de dominations sexuelles et sexistes d’un point de vue féminin en luttant contre l’érotisation et la mauvaise compréhension de ces violences

La première semaine, les stagiaires travailleront des grands rôles féminins issus du répertoire classique masculin. La seconde semaine abordera la redécouverte du matrimoine littéraire d'autrices du XVIème au XVIIIème siècles en travaillant des scènes issues de grands textes oubliés, pourtant célébrés par leurs contemporains : Marguerite de Navarre, Louise Labé, Catherine Bernard, Mme de Villedieu, Françoise Pascal, Marie-Anne Barbier...

Le travail s'organisera suivant plusieurs thématiques : le désir féminin, le pouvoir politique, la jeune première, la monstruosité, la folie et enfin la figure de la sorcière.

La formatrice et les intervenant·es guideront chaque stagiaire vers des solutions concrètes personnalisées qu'ils pourront mettre en pratique ensuite au cours de son parcours professionnel, en élargissant leurs propositions d’interprétation ou de mise en scène.